La Route des Grands Crus de Bourgogne : itinéraire au cœur des vignes et du temps

La Route des Grands Crus de Bourgogne : itinéraire au cœur des vignes et du temps

Au sud de Dijon, une route s’ouvre comme un livre vivant. Elle raconte l’histoire de la terre, du vin et des hommes. Sur une soixantaine de kilomètres, la Route des Grands Crus de Bourgogne traverse un monde où chaque pierre, chaque cep et chaque goutte de vin témoignent d’un héritage unique, façonné par des siècles de passion viticole.

Une route, mille terroirs

Créée officiellement dans les années 1930, la Route des Grands Crus est bien plus qu’un itinéraire touristique. C’est l’ossature de la Bourgogne viticole, une région qui, malgré sa discrétion apparente, abrite quelques-uns des vins les plus réputés du monde. Elle serpente entre Dijon et Santenay, suivant les courbes harmonieuses des Côte de Nuits et Côte de Beaune, deux bastions viticoles majeurs.

L’itinéraire longe la D974, une route départementale modeste en apparence mais qui relie des noms chargés d’histoire et de prestige : Gevrey-Chambertin, Chambolle-Musigny, Meursault, Puligny-Montrachet, pour ne citer qu’eux. Chacun de ces villages a donné son nom à un vin, et bien souvent, à une légende.

Une mosaïque de climats

Ce qui rend cette route si particulière, ce sont les climats de Bourgogne, un système de parcelles viticoles uniques au monde, classés au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2015. Ces micro-terroirs, définis par la nature du sol, la pente, l’exposition et l’histoire humaine, produisent des vins tous différents, même s’ils se situent à quelques mètres les uns des autres.

La notion de "climat" ici ne renvoie pas à la météo, mais à une cartographie millimétrée du vignoble, héritée d’un patient travail des moines bénédictins et cisterciens au Moyen Âge. Ils ont su identifier et nommer ces lieux-dits, qui sont aujourd’hui encore à la base de l’étiquetage bourguignon.

De Dijon à Santenay : une traversée vivante

Dijon, la porte du vin

Le périple commence à Dijon, ancienne capitale des ducs de Bourgogne. Longtemps connue pour sa moutarde, elle est aujourd’hui aussi le point de départ de la route des vins, avec sa Cité de la Gastronomie et du Vin, inaugurée récemment, et ses rues médiévales pleines de charme.

À quelques kilomètres au sud, les premières vignes apparaissent à Marsannay-la-Côte, seul village de la Côte produisant les trois couleurs de vin : rouge, blanc, et rosé. Ici commence véritablement la Route des Grands Crus.

Côte de Nuits : royaume du Pinot Noir

En continuant vers le sud, la Côte de Nuits déroule ses paysages ordonnés. Fixin, Gevrey-Chambertin, Morey-Saint-Denis, Chambolle-Musigny ou encore Vougeot offrent des haltes riches en caractère. Les rouges de la Côte de Nuits, issus du cépage Pinot Noir, sont denses, profonds, parfois austères dans leur jeunesse, mais capables d’un vieillissement majestueux.

Le château du Clos de Vougeot, ancienne grange viticole cistercienne du XIIe siècle, est un arrêt incontournable. Entouré de vignes classées Grand Cru, il est aujourd’hui le siège de la Confrérie des Chevaliers du Tastevin, institution bourguignonne dédiée à la célébration du vin.

Enfin, Nuits-Saint-Georges, ville au nom évocateur, marque la transition vers le sud. Plus vivante et commerçante, elle incarne l’équilibre entre tradition et modernité.

Côte de Beaune : élégance et diversité

Après Corgoloin, l’ambiance change subtilement. On entre en Côte de Beaune, région plus lumineuse, réputée à la fois pour ses rouges et surtout ses grands vins blancs à base de Chardonnay. Le relief s’adoucit, les villages deviennent plus espacés, mais la qualité reste au rendez-vous.

On traverse Ladoix-Serrigny, puis Aloxe-Corton, berceau du fameux Grand Cru Corton-Charlemagne. Ici, le Chardonnay prend des accents minéraux et puissants. Puis viennent Pernand-Vergelesses, Savigny-lès-Beaune et Beaune, capitale viticole et centre névralgique de la route.

Beaune est une ville-musée où le vin est omniprésent. Son monument phare, les Hospices de Beaune, fondés au XVe siècle, sont célèbres pour leur toit multicolore et leur vente caritative annuelle de vins, l’une des plus prestigieuses au monde.

En continuant vers le sud, les amateurs de vins blancs ne manqueront pas Meursault, avec ses crus gras et beurrés, puis Puligny-Montrachet et Chassagne-Montrachet, deux villages voisins qui se partagent le célèbre terroir du Montrachet, souvent considéré comme le sommet des grands vins blancs secs.

L’itinéraire s’achève à Santenay, village paisible, entouré de vignes et de moulins, qui marque la fin officielle de la Route des Grands Crus.

Plus qu’une route, un art de vivre

Parcourir la Route des Grands Crus, c’est bien sûr déguster. De nombreux domaines ouvrent leurs portes pour des visites et dégustations, dans des caves parfois centenaires. Mais c’est aussi prendre le temps d’écouter les vignerons, de savourer la cuisine locale, de flâner dans les villages aux toits de tuiles vernissées, de sentir l’odeur des vignes au matin, ou d’admirer les couchers de soleil sur les coteaux dorés.

Les saisons y offrent chacune une ambiance particulière : le printemps pour la fraîcheur des jeunes feuilles, l’été pour la lumière éclatante sur les pierres dorées, l’automne pour l’incroyable palette de couleurs et l’effervescence des vendanges.

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